La Lettre des Arboristes n°2

avril 2011

La période de crise a permis de prendre conscience de la nécessité d’aborder la préconisation de travaux sous une forme plus raisonnée et, en tout cas, plus proche des besoins réels des arbres et des problématiques rencontrées par nos clients. Pour la plupart des entreprises d’élagage, l’application du principe du conseil avisé, appuyé sur des données scientifiques ou technologiques, assure au client soucieux de son patrimoine arboré, un gage de savoir-faire pour la mise en œuvre des pratiques les plus appropriées dans le respect du végétal, de l’environnement et de la prévention des risques. La taille en vert permet de former et entretenir les arbres pendant leur activité foliaire ; elle doit néanmoins rester modérée, afin d’éviter les traumatismes déstructurants pour le végétal (par des éclaircies et réductions fortes par exemple). Informer le client, lui expliquer le vocabulaire professionnel et lui faire aimer ses arbres : des solutions pour un partenariat de qualité !

Fabrice SALVATONI, Président du Conseil de Surveillance

 

Lumière sur les tailles estivales

L’été est une période de croissance active des arbres, pendant laquelle ils consomment, petit à petit, une grande partie des aliments minéraux qu’ils produisent grâce au soleil. Aussi, il est important de les aider à renouveler leurs réserves. En faisant effectuer des tailles adaptées par des professionnels de référence à cette période où leur compartimentation sera d’autant plus rapide, ces arbres n’iront pas jusqu’à épuisement de leurs réserves ; vous pourrez ainsi rapidement constater un résultat de taille !

L’été est donc la période propice pour programmer :

  • La taille d’éclaircie,
  • La taille de formation des jeunes arbres,
  • La réduction foliaire (feuilles) des arbres taillés en formes architecturées (rideaux, marquises,…), ou taille en vert,
  • La taille des arbres fruitiers.

Gagnez en luminosité et en sécurité ! Grâce à une taille d’éclaircie, un arboriste peut vous aider à rendre un arbre plus transparent à la lumière, en allégeant la densité de son houppier. Elle doit cependant être pratiquée de manière raisonnée et répondre à des objectifs précis. En effet, l’éclaircie doit malgré tout permettre le fonctionnement chlorophyllien, assuré principalement par les feuilles intérieures du houppier en périodes chaudes et sèches. Comme pour tout autre type de taille, le respect des essences est fondamental dans le cadre de la pratique des tailles d’éclaircie. La suppression de branches soigneusement sélectionnées (dont le diamètre ne doit pas dépasser 3 centimètres) et dans une proportion limitée (maximum 20 à 25 % du feuillage) permet de diminuer l’ombrage et la prise au vent, sans pour autant dénaturer l’architecture ou léser la croissance de l’arbre. Cette taille se pratique sur des arbres en croissance ou ayant déjà atteint l’âge adulte, et est à renouveler environ tous les 5 à 7 ans.

 

La taille de formation des jeunes arbres

Si la taille à la plantation est souvent jugée négativement par les arboristes, la taille de formation des jeunes arbres est, quant à elle, recommandée si elle est effectuée de manière raisonnée. Elle peut nécessiter des interventions hivernales, mais aussi estivales. L’été est le bon moment pour effectuer les opérations suivantes :

  • Les refléchages, dont le but est de rétablir la flèche disparue ou affaiblie d’un jeune arbre,
  • Les régulations de vigueur,
  • Les remontées de couronnes, par élagage modéré des branches basses des arbres,
  • Les éliminations de drageons et autres rameaux indésirables,
  • Certaines tailles sanitaires.

Les avantages de la taille estivale sont qu’elle favorise une compartimentation rapide (c’est-à-dire une mise en place rapide par l’arbre de barrières permettant de réduire le développement d’agents pathogènes), et le démarrage immédiat du cal cicatriciel. Elle donne également lieu à l’apparition d’un nombre plus faible de rejets (tiges à développement retardé) qu’après une taille hivernale. Il est cependant indispensable de porter une attention particulière à l’écorce, qui présente des risques de déchirure plus importants pendant la période estivale. Une taille annuelle est vivement recommandée pour les arbres aux formes architecturées, plantés en milieu urbain. Répondant généralement à des besoins liés aux contraintes de leur environnement, comme la proximité des voies de circulation, de l’éclairage public ou des réseaux, ou à une tradition esthétique, la taille en vert permet de contrôler le volume des marquises, rideaux ou autres architectures (par réduction foliaire), tout en évitant d’affaiblir les arbres. La taille des jeunes rameaux à très faible diamètre entre juin et octobre permet d’éviter à l’arbre une perte de vigueur (liée à la transpiration estivale et donc, à la déshydratation de son écorce). Initiée par Louis Lorette au début du 20ème siècle, la taille d’été des arbres fruitiers doit être réalisée entre fin juin et début septembre. Elle est entre autres complémentaire à la taille trigemme (taille d’hiver sur les arbres à pépins, dont le but est d’améliorer la fructification). La technique de la taille d’été consiste à supprimer certains bourgeons soigneusement sélectionnés par un professionnel qualifié, sur un nombre adéquat de branches basses, dans le but de reconduire la sève vers les rameaux à fruits. En adaptant la taille à la personnalité de chaque arbre, un arboriste qualifié favorise ainsi la floraison et la fructification du fruitier (par affaiblissement de l’arbre),prépare les bourgeons pour l’année suivante et maîtrise le volume des arbres. Il peut enfin diagnostiquer le développement de certaines maladies, lié à une éventuelle apparition de cochenilles ou de pucerons. De la même manière, il pourra prévoir un éclaircissement de l’arbre par l’intérieur, pour favoriser le passage de l’air et de la lumière, en cas d’attaque de champignons. Zoom sur les économies ! Le Département du Val de Marne a fait le calcul : il réalise une économie de 17 % en optant pour la taille en vert annuelle, plutôt que pour des interventions de plus grande envergure tous les 3 ans. Budget optimisé et physiologie de l’arbre respectée !

 

Sources bibliographiques :

– C. Drénou, La taille des arbres d’ornement – Du pourquoi au comment, Paris, Institut pour le Développement Forestier, 1999

– J. Boutaud, La taille de formation des arbres d’ornement, Société Française d’arboriculture, 2003

– J. Vercier, Arboriculture fruitière, Paris, Hachette, Coll. Encyclopédie des connaissances agricoles, 9ème édition, 1951

 

L’Observatoire du Cercle

 

La chenille processionnaire du pin

Ne laissez pas les chenilles processionnaires envahir vos pins, des solutions existent !!! De nouveaux systèmes écologiques ont été conçus pour piéger et détruire les processions de nymphoses simplement et sans créer de dommages pour l’environnement. Ils doivent être installés juste avant la procession des nymphoses (entre fin janvier et fin mai) et laissés en place jusqu’à un mois après les dernières descentes de processions.

La mineuse du marronnier. Bien qu’inoffensives à leur stade adulte, les larves de ce papillon occasionnent d’importants dégâts sur les marronniers. Elles se nourrissent du tissu foliaire, ce qui engendre un brunissement des feuilles touchées, puis leur chute précoce. Ainsi, les réserves stockées par le marronnier sont moindres puisque la photosynthèse est réduite ; celui-ci est donc fortement affaibli et devient vulnérable face aux pathogènes. Pour lutter contre ce phénomène, il convient de ramasser les feuilles au sol dès qu’elles tombent à l’automne. Ensuite, l’installation de pièges spécifiques à phéromones, dès la mi-avril, est conseillée.