La lettre des Arboristes n°19

juillet 2021

Bruno Le Dû Consultant expert en foresterie urbaine et dirigeant de l’entreprise Alternative Végétale dans le Morbihan nous éclaire sur le cycle de vie de l’arbre et les soins à lui apporter. Son entreprise est en mesure de prodiguer l’ensemble des diagnostics et soins nécessaires aux arbres pour leur assurer bonne santé et longévité.

La photo ci-contre nous montre une équipe de grimpeurs pratiquant le démontage d’un chêne. On peut se rendre compte que cet arbre est atteint de ce que l’on nomme une descente de cime.
La solution ultime alors appliquée est l’abattage de l’arbre. Ces signes de dépérissement importants ont été interprétés comme dangereux pour les biens et les personnes de ce lieu.

Un abattage peut-il être évité dans ce cas et comment intervenir autrement qu’en coupant l’arbre entièrement ? C’est avant toute chose, une question, que doit se poser un arboriste.
Cependant la première question à se poser sera de déterminer la cause de ce dépérissement. Un diagnostic sera dès lors nécessaire afin de déterminer l’origine de ce problème et ainsi de tenter de résoudre ce dépérissement autrement qu’en coupant.
Bien souvent, on pourra se rendre compte que le problème se voit en aérien mais que l’origine provient du sol, de sa structure, de sa texture ou de la modification apportée après travaux notamment. Les modifications climatiques de ces dernières années sont des facteurs non négligeables sur les nombreuses maladies et pathogènes de nos arbres en 2021.

Soigner un arbre malade que vous ne comprenez pas c’est comme essayer de taper sur une Rolls avec un marteau
pour la faire démarrer !

Alex Shigo
(biologiste et phytopathologiste du Service des forêts des États-Unis dont les études sur la décomposition des arbres a conduit à de
nombreuses améliorations des pratiques standard en arboriculture

Notion de vieillissement de l’arbre


Les arbres comme tous les êtres vivants passent par des stades de développement :
• Naissance
• Maturation
• Sénescence
• Mort


On a donc parfois tendance à confondre dans nos diagnostics et interprétations les notions de sénescence et de dépérissement.
Parfois les deux sont liés, on peut donc être devant un arbre sénescent et dépérissant.
Ces deux notions sont cependant à bien distinguer afin de nous permettre de tenter un protocole de rétablissement des fonctions physiologiques de l’arbre.


Sénescence et dépérissement.

Comme vous l’aurez compris, la notion de sénescence correspond au stade de vieillissement de l’arbre. Il faudra alors distinguer le stade d’âge de l’arbre devant lequel on se trouve avant d’interpréter cette notion. Sachant que nous n’aurons pas les mêmes critères si nous sommes devant un chêne pédonculé mature à 150 ans ou si nous sommes devant un merisier qui sera sénescent vers 80-100 ans.
Mais ces notions et composantes sont bien connues des arboristes. Nous nous intéresserons donc d’avantage au dépérissement, à ces causes et les notions de traitement possibles.

Causes et effets


Les causes principales sont celles-ci :
• changements climatiques
• insectes ravageurs
• champignons et autres parasites


Cependant chaque essence peut avoir ses spécificités et des causes de dépérissement différentes et variées. Ces problèmes ne sont jamais simples à déterminer et des conclusions trop hâtives nous entraîneront vers des hypothèses de solutions souvent erronées. Il est incontestable que la grande majorité des problématiques proviennent de carences de l’environnement de l’arbre plutôt que de l’arbre lui-même. C’est une constante des végétaux d’ailleurs. C’est bien pour cela que l’on ne peut pas planter n’importe quel arbre dans n’importe quel milieu. Combien de fois nous le voyons en zones urbaines ou ces notions sont bien trop souvent oubliées, voir négligées par les urbanistes et même les paysagistes. D’où les
nombreuses variantes de problématiques que nous rencontrons sur les arbres.
L’étude de l’environnement de l’arbre devient alors primordiale. La composition, la texture et la structure du sol un enjeu majeur pour le bien être du végétal.

Que faire ?

  • Observer
  • Diagnostiquer
  • Surveiller

Importance du sol

De toute évidence c’est bien dans le sol, dans la terre que l’on plante un arbre, que germe et pousse une graine.
C’est bien dans le sol que prennent racines tous les végétaux, du ray-grass au majestueux séquoia, la notion de sol est indiscutable, incontournable.

Le sol est le produit de l’altération, du remaniement et de l’organisation des couches supérieures de la croûte terrestre sous l’action de la vie, de l’atmosphère et des échanges d’énergie qui s’y manifestent.

Aubert et Boulaine, 1980

Une définition bien savante pour exprimer toute la complexité du sol !
Pour comprendre comment naît un sol, il suffit de remonter à ses trois étapes de fabrication.


1- La première est la dégradation d’une roche-mère sous l’action des éléments climatiques. Selon la région géographique, elle
pourra être de nature différente : schisteuse, argileuse, calcaire…

2- La deuxième étape de la création d’un sol passe par l’enrichissement en matières organiques liées à la présence des végétaux et animaux du milieu.


3- Enfin, par le lessivage dû à la pluie et au gel, des éléments minéraux migrent et se déposent par couches successives avec les années. Se forment alors des « horizons » composés de sels de calcium, sodium, oxydes de fer, argile, et de l’indispensable humus que l’on retrouve dans la couche superficielle du sol.

Lutter contre les parasites et les maladies


• Dynamiser la vie du sol -> Stimuler les bactéries, les mycorhizes et la vie microbienne.
• Limiter la prolifération -> Stimuler les défenses immunitaires des végétaux.


Amélioration des sols et stimulation de la croissance des plantes par les bio-stimulants bactériens.
Ce fonctionnement inhabituel pour beaucoup d’entre nous est là pour nous rappeler que dans la plupart
des cas il y a tous les éléments nécessaires dans le sol. Mais l’arbre n’est pas toujours en capacité de capter seul les éléments minéraux et organiques nécessaires à son fonctionnement physiologique normal, contribuant ainsi à la qualité de sa protéosynthèse. Ainsi de la vigueur constante de l’arbre dépendra sa capacité à répondre aux attaques de pathogènes de toutes natures.
Mieux vaut prévenir que guérir !

Les solutions alternatives pour enrichir le sol


1 – La mycorhization

Les mycorhizes sont à l’origine des écosystèmes complexes, en particulier dans les forêts et notamment les forêts tropicales qui vivent et évoluent souvent sur des sols ingrats et parfois peu fertiles.
La bio dynamisation du sol par mycorhization nous donne les résultats attendus tels que :
• Stimuler la croissance des végétaux de la rhizosphère des végétaux
• Stimuler de la partie aérienne des végétaux
• Stimuler les flux de sève dans les vaisseaux du xylème et phloème.
Ainsi nous avons un arbre en meilleure santé !

2 – Le paillage


Technique la plus simple et que toutes les entreprises du paysage et de l’élagage ont à portée de main.
Le brf (bois raméal fragmenté) en se dégradant favorise le développement des champignons. A moyen terme,
on obtiendra également un compost de qualité qui apportera la matière organique nécessaire au végétal.
À court terme, le paillage favorise la protection de votre sol contre le dessèchement gardant ainsi la fraicheur et
l’humidité minimum en période estivale. Le paillage naturel facilite le développement des mycorhizes.

3 – La pal injection


Le pal injecteur est une sonde creuse en acier inoxydable qui sert à injecter directement dans le sol une solution bio stimulante et régénératrice. La solution sous pression permet d’enfoncer la sonde dans tous les sols même compactés.
Les injections sont localisées dans le sol, au plus près des racines sans détériorer les radicelles. Ces parties sont très importantes pour assurer l’absorption des nutriments. Selon la solution apportée et en fonction des contraintes des réseaux
souterrains, la pression de service est comprise entre 10 et 60 bars.
L’utilisation des mycorhizes induit un changement des habitudes et nécessite une adaptation de la part des professionnels.


• Les mycorhizes offrent une nouvelle voir pour réduire l’utilisation des pesticides, d’engrais chimiques et d’eau.

• Elles permettent de diminuer la consommation de phosphore, élément essentiel qui tend à disparaitre de nos sols avec
l’agriculture intensive.


• Permet à l’arbre de diminuer sa consommation d’eau. Les hyphes des mycorhizes permettent d’augmenter la surface de sol prospectée de 80 fois. Cela contribue à une meilleure absorption de l’eau et permet de diminuer l’évapotranspiration, pour
un gain estimé de 15 % à 30 % selon les plantes.

• Et la forte diminution des apports en engrais chimiques et minéraux.
Les mycorhizes augmentent la solubilisation de nutriments grâce à la production d’acides organiques. La plante se nourrit plus facilement. La surface accrue de captation permet également de limiter le lessivage naturel des engrais

L’ACTU QUALIARBRE

ÉVÉNEMENT
Nos dernières retrouvailles ont eu lieu les 17 et 18 juin en Savoie chez notre adhérent l’Agenais.
Un super moment passé entre grimpeurs et chefs d’entreprises. Au programme une démonstration Stihl en conditions réelles et des échanges sur les façons de travailler, de manager et d’organiser l’entreprise.
La prochaine date à retenir : le 8 octobre à l’occasion de la journée de l’arbre organisée par l’UNEP.

CARNET VERT
Nous souhaitons la bienvenue à Élagage Figeacois qui a passé l’audit Qualiarbre avec succès !


Élagage Figeacois – Kévin Casez Bouchet
ZAC Pech D’alon – Route de Puy de Corn
BP 50055 – 46 100 Figeac


3 autres entreprises sont en cours d’audit également pour intégrer le réseau sur le second semestre 2021 !

PROJETS QUALIARBRE SECOND SEMESTRE 2021


DIGITALISATION DE QUALIARBRE
• Lancement de l’application Qualiarbre
• Lancement d’un livret sécurité numérique

AFFICHES SÉCURITÉ
Création des 2 dernières affiches de notre campagne et
lancement d’une nouvelle campagne sécuritaire


CERTIFICATION
Qualiarbre est officiellement une marque de
garantie reconnue par l’INPI depuis le 9 juillet 2021 !