La Lettre des Arboristes n°15

juin 2019

PRÉVENTION ET SÉCURITÉ EN ÉLAGAGE : UN CHANTIER À POURSUIVRE

Coralie HAYER, Conseillère nationale en prévention des risques professionnels à la MSA, partage avec Qualiarbre les actions de la MSA sur la prévention des risques professionnels en élagage.

Le métier d’arboriste grimpeur évolue et s’est professionnalisé rapidement depuis quelques années, grâce notamment à la formation et à l’évolution des techniques de grimpe, de déplacement et de travail.

Toutefois, il convient de garder en mémoire que les accidents du travail et les maladies professionnelles ne sont pas une fatalité : ils ont toujours des causes. Il reste fort à faire en matière de prévention. Certes les acteurs publics ont leur rôle à jouer, mais l’implication des dirigeants, des encadrants et des salariés des TPE et PME du secteur est fondamentale.

Quel est le rôle de la MSA en matière de sécurité ?

La Caisse Centrale de MSA a pour mission de développer la politique publique en matière de Santé Sécurité au Travail. Elle œuvre pour accompagner les structures agricoles dans l’amélioration des conditions de réalisation du travail et la réduction de la fréquence et de la gravité des Accidents du Travail et des Ma- ladies professionnelles (ATMP) chez les travailleurs relevant du régime agricole. En mettant en place une démarche de prévention impulsée par la direction de l’entreprise et impliquant l’encadrement et les salariés, ces causes peuvent être identifiées et des pistes de prévention étudiées pour diminuer – voire éliminer – les accidents du travail et les maladies professionnelles.

L’élagage est un métier à haut risque. Quelle est votre analyse de l’accidentologie dans ce secteur ?

Nous enregistrons en moyenne 600 accidents déclarés par an en France dans le secteur de l’élagage. Ce qui me fait dire que, malgré sa dangerosité, l’élagage n’est pas un métier très accidentogène. En effet, de nombreuses mesures de sécurité ont été mises en place, ce qui fait que le nombre d’accidents rapporté à la population n’est pas si élevé. Nous avons observé une diminution notable des accidents de travail en élagage jusqu’en 2016 environ. Depuis, nous sommes plutôt en période de stabilisation. Les actions de prévention doivent s’intensifier si on veut que la baisse se poursuive, car ces chiffres sont encore bien trop élevés.

Alors que les accidents sont moins nombreux, ils présentent néanmoins un taux de gravité plus important, comme le montrent les durées d’arrêt. La durée moyenne d’un arrêt en élagage est deux fois plus élevée que la moyenne agricole. Cela s’explique aussi par le fait qu’un grimpeur doit être en pleine possession de ses moyens pour reprendre son activité.

Les accidents les plus fréquents sont les coupures. Viennent ensuite dans une moindre mesure les chutes et les heurts, quand une branche tombe sur l’élagueur ou quand un mouvement de corde fait que l’élagueur se cogne à une branche ou au tronc de l’arbre.

Sur le plan des maladies professionnelles, l’élagage reste un métier usant et très éprouvant pour l’organisme, notamment au niveau des épaules, des coudes et du dos. Ces Troubles Musculo-Squelettiques occasionnent une problématique du maintien dans l’emploi pour les salariés tout au long de leur carrière.

Sur quoi travaillez-vous actuellement concernant le secteur de l’élagage ?

Globalement, nous intervenons auprès des pouvoirs publics pour faire évoluer la législation et nous travaillons au dé- ploiement des comportements et gestes préventifs. Une des grandes avancées est bien évidemment la création du CS, à laquelle nous avons participé. C’est une évolution majeure pour professionnaliser le métier d’arboriste-grimpeur. Notre actualité porte sur 4 thématiques :

1/ Tout d’abord, nous avons édité un guide conseil pour la mise en œuvre du double ancrage lors de travaux sur cordes. En e et, même si certains l’appliquent, le double ancrage doit être implanté dans toutes les entreprises. Rappelons que la réglementation im- pose qu’au poste de travail l’arboriste-grimpeur dispose d’un moyen de sécurité complémentaire et indépendant en cas de défaillance du premier. Notre priorité en matière de calendrier est donc de promouvoir les techniques du double ancrage.

2/ Nous travaillons également sur le référencement et la reconnaissance du module « Secours dans les arbres ». L’organisation du secours est sous la responsabilité du chef d’entreprise et pour l’instant le module grimpeur-sauveteur dans les arbres n’est reconnu par personne. Il est actuellement en révision pour une sortie prévue en septembre. C’est la formation complémentaire pour les élagueurs sauveteurs-secouristes au travail. Le déploiement se fera soit par les caisses régionales soit par les centres de formation dédiés à l’élagage. S’agissant de descente de blessés, les intervenants devront être des spécialistes de l’élagage.

3/ Nous participons au projet de décret sur l’organisation des chantiers d’élagage et d’abattage par démontage, actuellement à l’étude avec le Ministère de l’Agriculture, dans le but de continuer à faire baisser les chiffres d’accidentologie. Il s’agit de rappeler les règles de signalisation, mais également de communication entre l’homme de pied et l’élagueur, même si de nombreux professionnels les appliquent déjà. Avec ce décret, l’entreprise en défaut pourra être sanctionnée. C’est aussi un moyen pour lutter contre la problématique des auto-entrepreneurs qui font de l’élagage sans formation et qui n’ont pas les compétences nécessaires pour le faire correctement et en sécurité.

4/ Enfin, concernant les broyeurs de branches, la France a dénoncé la norme européenne en vigueur, puisque des problèmes de sécurité persistaient malgré cette norme. La rédaction d’une nouvelle norme européenne sur les broyeurs est en cours. Pour l’instant, le Ministère a sorti une instruction avec des points de conformité du broyeur à vérifier par l’employeur, pour valider son utilisation. Les contrôles ont démarré largement.

Nous connaissons également vos Caisses Régionales. Quelle est leur mission ?

La MSA est très active locale- ment, à travers ses 35 centres régionaux. Chacun dispose d’un service de Santé Sécurité au Travail, composé de trois expertises complémentaires. Les conseillers en prévention mettent en œuvre les actions individuelles et collectives de prévention des risques professionnels. Les médecins du travail assurent les examens médicaux des salariés, conseillent les employeurs sur les conditions de travail, l’adaptation des postes ou l’évaluation des risques. En- fin, les infirmiers de santé au travail ont un rôle de suivi de l’état de santé au travail, à travers des visites d’information et de prévention. Ces équipes interviennent en entreprise, à la demande de l’employeur et sous différentes formes.

Il peut s’agir d’un rendez-vous individuel avec le chef d’entreprise pour un conseil personnalisé. Celui-ci peut nous solliciter pour l’aider à rédiger son document unique, participer à une réunion CHSCT, réaliser une étude de poste, par rapport à une inaptitude ou un reclasse- ment… Par exemple, si l’employeur s’interroge sur le niveau de bruit au poste et l’EPI requis, notre équipe locale est en capacité de faire des mesures de bruit indicatives, qui ne seront pas normées, mais qui pourront l’orienter vers tel ou tel EPI.

Nous assurons également des actions de sensibilisation ou de formation en entreprise. Par exemple, en prévention des Troubles Musculo-Squelettiques dans le milieu de l’élagage, nous présentons l’im- portance des échauffements, de l’hydratation et de la nutrition.

Si l’effectif est suffisant dans l’entreprise (au minimum un groupe de 6 personnes), nous mettons également en place des formations de sauveteurs secouristes du travail, ainsi que des formations à l’utilisation de la tronçonneuse en sécurité, avec des conseils sur la maintenance de

la scie à chaîne. Les entreprises peuvent se regrouper pour constituer un groupe : on peut imaginer une formation pour des adhérents Qualiarbre par exemple.

Enfin, la formation se fait également par document, par exemple sur les EPI ou la maladie de Lyme. Nous proposons également des livrets d’accueil des salariés personnalisables.

Ces formations sont prises en charge par la MSA pour les entreprises adhérentes. On ne demande rien de plus à l’employeur. Les formations sont animées par le binôme conseiller en prévention / infirmier du travail avec éventuellement un prestataire spécialisé. Si une entreprise est intéressée, elle contacte directement la Caisse Régionale pour définir conjointement la date et le format. L’organisation est vraiment à la carte, pour s’adapter aux besoins de l’entreprise. Par exemple, une formation sur l’échauffement peut être programmée le matin de bonne heure, avant que les équipes partent sur les chantiers.

Pourquoi un partenariat avec Qualiarbre ?

Les partenariats sont essentiels pour di user nos messages de prévention. On œuvre tous pour qu’il y ait moins d’accidents et que les professionnels de l’élagage s’usent moins la santé au travail. Qualiarbre nous offre une exposition nationale unique au plus près des entreprises d’élagage, en relais de nos services SST souvent méconnus. Plus on pourra parler de prévention, mieux ce sera.

Coralie Hayer

En savoir plus : www.ssa.msa.fr

PRÉVENTION DES RISQUES LIÉS À LA TRONÇONNEUSE

Extrait du Guide Réglementaire – MSA Armorique

Les travaux nécessitant l’utilisation d’une tronçonneuse exposent les personnes à des risques importants et graves d’accidents et de maladies professionnelles. L’employeur ayant l’obligation d’assurer la santé et la sécurité au travail de ses salariés, il doit fournir un équipement de travail conforme, muni des dispositifs de sécurité suivants : un casque pourvu d’une visière, des protège-oreilles, un pantalon doublé de fibres, des gants de sécurité, des chaussures ou des bottes de sécurité.

D’un point de vue général, voici la conduite à adopter lors de l’utilisation d’une tronçonneuse :

– Entretenir sa tronçonneuse quotidiennement pour prolonger sa durée de vie

– Travailler au minimum à 2 personnes

– Signaler l’endroit précis du travail à l’entourage

– Ne pas effectuer d’abattage par grand vent

– Être vigilant à proximité des lignes électriques

– Se munir d’un téléphone portable

– Éviter la présence de tiers dans la zone de travail au moment de l’abattage

Enfin, rappelons qu’un salarié doit nécessairement être formé à l’utilisation de la tronçonneuse et au port des EPI avant toute manipulation.

LE DOUBLE ANCRAGE

Extrait du Guide Conseil sur le Double Ancrage

Un point d’ancrage arboricole correspond à l’axe autour duquel la fausse fourche est installée et à la branche qui lui sert de support (au sens de la circulaire du 27 juin 2007). Selon le choix de point d’ancrage (autour du tronc ou d’une branche charpentière) et de sa destination, la fausse fourche ou la corde seront positionnées de telle manière qu’il n’y ait aucun risque de rupture ou de glissement.

Un système d’ancrage est composé de l’ensemble des éléments qui permettent à l’arboriste grimpeur d’être protégé contre les chutes de hauteurs lors des travaux dans les arbres : fausse fourche, corde de rappel, système autobloquant avec connecteurs, pont fixé sur la ceinture ou le harnais.

Compte tenu de la réglementation française actuelle, chacun de ces éléments sera doublé afin de constituer deux systèmes d’ancrage distincts. Les deux systèmes doivent être strictement indépendants afin d’éviter toute chute en cas de rupture ou de sectionnement de l’un d’entre eux.

Les rendez-vous Qualiarbre

« JOURNÉE DÉCOUVERTE » aux confins d’Armorique

Deux irréductibles chefs d’entreprise arboristes élagueurs du réseau Qualiarbre se battent pour satisfaire leurs clients dans le respect de l’arbre et de la législation. Vendredi 22 mars, ils ont accueilli les membres du réseau dans leur camp de base pour une Journée Découverte.

Membre fondateur de Qualiarbre, l’entreprise BroLeon, gérée par Christophe Keraudren à la tête de 15 salariés, a misé cette année sur la stabilisation de l’équipe. Côté clients, l’entreprise travaille régulièrement avec la SNCF, ce qui implique un certain niveau de mécanisation pour assurer la bonne fin du chantier et réduire la pénibilité.

Puis direction Morlaix, où Philippe Jugeau nous a guidés dans la visite de chantiers. Pour répondre à la demande du client – ou du voisinage – et préserver le bien-être de l’arbre, il faut être un bon professionnel pour trouver le meilleur com- promis. Côté organisation, avec son équipe de 5 salariés, Phi- lippe planifie ses chantiers un mois à l’avance. Un confort pour l’équipe, pour la gestion du matériel et pour les clients, majoritairement des particuliers. Ce qui n’empêche pas de sa- voir s’adapter aux imprévus.

Bro Leon Élagage – ZA Breignou Coz – 29860 Bourg-Blanc – www.broleon-elagage.bzh

Jugeau Élagage – Rue de Plougasnou – 29600 Morlaix – www.arboriste-jardinier.com

« LA SÉCURITÉ C’EST TOI » : Qualiarbre s’engage

Le réseau Qualiarbre accompagne ses adhérents dans la prévention des accidents professionnels. Pour les aider à sensibiliser les équipes sur les risques liés à l’élagage, Qualiarbre lance une série de 12 affiches sur la thématique « La sécurité c’est toi » : téléphone au volant, cordage, harnais, broyeurs de branches, échelles… Autant de sujets sur lesquels chacun doit rester vigilant à tout moment. Quatre affiches sont déjà disponibles, les suivantes sont en préparation. À afficher sans modération à la vue de tous !

Nous remercions nos partenaires : Courant, FSI, la MSA et SIP Protection pour leur contribution à ce projet.

Nous avons également échangé sur le process de traitement d’une demande client, de l’appel à l’arrivée de l’équipe le jour du chantier. Très à l’écoute de ses clients, Bro Leon affiche sur un « tableau d’honneur » les enquêtes de satisfaction réalisées auprès des clients après intervention. Une façon dynamique de fédérer l’équipe sur sa démarche d’amélioration continue.

Puis direction Morlaix, où Philippe Jugeau nous a guidés dans la visite de chantiers. Pour répondre à la demande du client – ou du voisinage – et préserver le bien-être de l’arbre, il faut être un bon professionnel pour trouver le meilleur com- promis. Côté organisation, avec son équipe de 5 salariés, Phi- lippe planifie ses chantiers un mois à l’avance. Un confort pour l’équipe, pour la gestion du matériel et pour les clients, majoritairement des particuliers. Ce qui n’empêche pas de sa- voir s’adapter aux imprévus.

Évènement : mercredi 26 et jeudi 27 juin

Qualiarbre réunit ses entreprises adhérentes à Angers. Au programme : intervention de Coralie Hayer, Conseillère nationale en prévention des risques à la MSA pour un point spécifique sur l’élagage, atelier web-marketing animé par Gwenael Rogel, Consultant senior et visite de l’usine Courant – fournisseur de cordes et d’EPI – suivie d’une démonstration produits.

Plus d’informations sur www.qualiarbre.com

La prochaine réunion Qualiarbre aura lieu mercredi 4 et jeudi 5 décembre à Lyon,